Bref historique
A l’origine, se trouvait l’église des saints Apôtres Pierre et Paul, construite sous le règne de Clovis et où furent enterrés le roi lui-même, son épouse Clotilde et sainte Geneviève. Elle devint au moyen âge, l’importante abbaye royale du même nom.
Au cours du XIIIe siècle, l’église de l’abbaye qui servait aux habitants du quartier devint insuffisante et un second édifice fut édifié sous le patronage de saint Étienne, le premier des martyrs. Cette dernière fut elle-même reconstruite de 1492 à 1626, dans le contexte troublé des guerres de religion. L’actuelle église Saint-Étienne était accolée à l’abbatiale Sainte-Geneviève.
En 1744, Louis XV décida de remplacer l’abbatiale, en mauvais état, par un édifice grandiose devenu, après maintes péripéties historiques, l’actuel Panthéon. L’abbatiale elle-même fut dévastée durant la révolution et les reliques de sainte Geneviève brûlées. Les bâtiments de l’abbaye furent transformés en lycée Henri-IV et l’abbatiale fut abattue en 1804 pour faire place à la rue Clovis ; il n’en reste que le clocher inclus dans l’enceinte du lycée.
Saint-Étienne du Mont hérita alors des reliques et du culte de sainte Geneviève.
Sur ce vitrail (qui date du XIXe siècle) on reconnait la façade de l’église Saint-Etienne-du-Mont ; à son flanc, on voit l’église Sainte-Geneviève (dont on reconnait le clocher qui est aujourd’hui la tour Clovis du lycée Henri-IV) dans laquelle rentre la procession.
Architecture générale et extérieure
Construite au XVIème siècle, Saint-Étienne frappe le visiteur par son style particulier et peu courant dans la capitale, à commencer par sa façade. On est en effet en pleine période de transition entre le gothique, sous sa forme dernière, le flamboyant, et la Renaissance influencée par l’Antiquité.
La structure générale est celle d’une église «halle», longue de 69 mètres et large de 25,5 mètres : le transept n’est pas saillant à l’extérieur, les bas-côtés sont très hauts.
L’église est déviée vers la gauche, sans doute en raison de la forme du terrain, mais les décalages sont peu perceptibles.
A l’intérieur, le visiteur constatera l’évolution progressive du style : sur un plan gothique d’origine, la décoration passe des arcs en ogive du choeur, à ceux en plein cintre de la nef avec une ornementation renaissance de plus en plus présente. Une élégante coursive fait le tour de l’église. La clé de voûte est caractéristique de ce mélange des influences.
La façade (édifiée de 1610 à 1622) est à l’extérieur l’élément le plus singulier : c’est un ensemble harmonieux où un décor Renaissance, unique à Paris sinon en France, s’intègre à une structure héritée du Moyen Age, tripartite et élevée. Au premier niveau, le portail évoque un temple grec ; au sommet, l’ensemble se termine par un haut pinacle gothique.
Cette façade a été restaurée au XIXème siècle par l’architecte Baltard qui refit la statuaire détruite à la Révolution.
Elle est couronnée par un haut clocher.
L’église fut complétée par la chapelle de la Vierge, située tout au fond dans l’axe, et construite en 1653, dans un style classique. Au chevet de l’église, un cloître à trois côtés, édifié entre 1605 et 1609, entourait un petit cimetière.
Dans le prolongement de l’église, un charmant hôtel particulier fut construit par Louis d’Orléans, fils du Régent, qui en fit sa résidence. C’est l’actuel presbytère.
Galerie photo
Architecture intérieure
Élément remarquable de l’église, le jubé construit au début du XVIème siècle, est le seul subsistant à Paris.
Au Moyen Age, le jubé est à la fois une barrière séparant le chœur, où se tiennent les religieux et les chanoines, de la nef où sont les simples laïcs, et une tribune d’où est proclamée la Sainte Parole (d’où son nom, correspondant au début de la prière par laquelle le lecteur demandait la bénédiction au prêtre : «jube, domine, benedicere…» : «Daigne me bénir, Seigneur…»).
Avec la volonté de rendre le déroulement des cérémonies de la messe visible pour tous, la plupart des jubés disparaissent au XVIIIème siècle.
Ce jubé allie une structure gothique interne et une ornementation pleinement Renaissance. La balustrade est un entrelac de dentelle de pierre, sculpté dans du calcaire de Saint-Leu. Deux escaliers à claire voie s’enroulent autour des piliers, desservant à la fois le jubé et la coursive, dont la fonction exacte, autre que décorative, n’est pas bien établie.
Alors que les noms de la plupart des artisans ayant participé à la construction de l’église nous sont connus, curieusement on ignore l’auteur de ce chef-d’oeuvre.
Le beau Christ en croix qui surmonte le jubé, oeuvre de Ulrich de Grienewald, provient de la chapelle de l’Ecole polytechnique, supprimée en 1830.
L’ensemble du jubé et de la clé de voûte constitue un magnifique cadre pour l’autel moderne de la maison Cheret.
Avant la Révolution de 1789, l’église possédait un riche mobilier de tableaux et de tapisseries qui fut intégralement dispersé. Aussi toutes les œuvres en place résultent-elles d’une reconstitution. Parmi les tableaux, on relève deux ex-voto à Sainte-Geneviève, œuvres de Nicolas de Largillière (1696) et de Jean-François de Troy (1726).
Ce buffet du grand orgue fut construit et sculpté en 1631 par Jehan Buron, maître menuisier. C’est le plus ancien de Paris et, de plus, il nous est parvenu dans son état d’origine.
Seule une partie des 7.000 tuyaux, allant de 3 mm à 5,5 m de haut, est visible. Répartis en 90 jeux, ils placent cet orgue au 5ème rang parisien.
Parmi les facteurs d’orgue ayant travaillé à Saint-Etienne du Mont citons : Pierre Pescheur, auteur de l’instrument d’origine (1636) dont il ne reste rien, François-Henri Cliquot (1772), et Cavaillé Coll (1863).
L’instrument a eu des titulaires célèbres parmi lesquels Maurice Duruflé. Né en 1902, il en fut titulaire de l’âge de 28 ans jusqu’à sa mort en 1986.
Actuellement, il est tenu par Thierry Escaich, victoire de la musique en 2002 et 2006, et Vincent Warnier.
La chaire, datée de 1651, qui remplaça le jubé pour la prédication, est un bel exemple de l’art baroque avec l’emphase qui le caractérise. Les sculptures sont de Lestocard (élève de Sarazin) qui travailla sur des dessins de La Hire.
La cuve est soutenue par une puissante représentation de Samson ; les sept statues féminines autour de la cuve, inspirées de la sculpture classique, représentent les vertus cardinales et théologales.
Les panneaux qui entourent la chaire racontent l’histoire de saint Etienne, alternant avec des ovales représentant les évangélistes et deux grands Docteurs de l’Eglise, saint Jérôme et saint Augustin.
Les reliques de la sainte ayant été brûlées pendant la Révolution de 1789 par la municipalité parisienne, et la châsse fondue, l’église accueille depuis le début du XIXe siècle des reliques de la sainte qui avaient été conservées dans d’autres églises depuis le IXe siècle. La grande châsse actuelle contient les pierres subsistantes du sarcophage d’origine où son corps avait été placé.
La chapelle, réalisée en 1853, est un bel exemple de style néo-gothique. Les vitraux (1869) retracent l’histoire de la sainte, dont la mémoire est toujours entretenue : tous les ans, se déroule, du 3 au 11 janvier, la neuvaine de sainte Geneviève, marquée par des célébrations en son honneur.
Galerie photo
Les vitraux
Saint-Etienne possède un des ensembles les plus complets des églises parisiennes. Celui-ci couvre en continu la période du début du XVIème siècle au premier quart du XVIIème siècle, moment où l’art du vitrail plonge dans une longue éclipse qui se prolongera jusqu’au XXème siècle. Fait exceptionnel, la plupart des vitraux sont à leur place d’origine. Les meilleurs artistes du moment y ont collaboré.
Les vitraux du déambulatoire sont datés de la construction même de cette partie de l’édifice et témoignent de la volonté de l’orner immédiatement. Parmi eux : le vitrail du Très-Saint-Nom-de-Jésus.
(Le charnier d’où la galerie tire son nom est un ancien petit cimetière)
Les vitraux de la galerie du «cloître du charnier» ont été réalisés au début du XVIIème siècle ; il en reste la moitié en place sur les 24 d’origine. Ce sont des peintures sur verre avec des émaux recuits au four, à la différence des autres vitraux de l’église où le verre est coloré dans la masse.
Un thème commun les unit : l’Eucharistie, présence réelle du Christ ressuscité dans l’hostie consacrée, et ses préfigurations dans l’Ancien Testament. Parmi ceux-ci : le vitrail du « Pressoir mystique » illustre la parole du Christ lors du dernier repas de la Cène, reprise à chaque messe, lorsqu’il fit passer la coupe de vin en disant «ceci est mon sang».
Galerie photo
Personnages illustres
L’église conserve la mémoire de plusieurs personnages illustres.
Le philosophe Pascal (1623-1662) est enterré à Saint-Etienne du Mont parce qu’il est décédé sur le territoire de la paroisse.
Les restes du dramaturge Racine (1639-1699) furent rapportés ici après la destruction de l’abbaye de Port-Royal des Champs car sa famille habitait le quartier. Saint-Etienne était d’ailleurs une paroisse fortement teintée de jansénisme.
C’est sur le territoire de la paroisse (l’un des quartiers les plus miséreux de Paris au XIXe siècle) que le jeune étudiant venu de Lyon réunit la première Conférence de la Société de Saint-Vincent-de-Paul fondée avec ses amis en 1833.
Œuvre laïque de charité et d’évangélisation, son action anticipe le catholicisme social tel que le définira le pape Léon XIII dans l’encyclique «Rerum Novarum» (1891). Aujourd’hui, le mouvement est international : il compte 850 000 membres répartis dans 116 pays des 5 continents (dont 30 000 membres en France). [voir le site de la Société]
C’est à Saint-Etienne-du-Mont que le pape Jean-Paul II a béatifié Frédéric Ozanam le 22 août 1997 à l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse.
L’église Saint-Etienne-du-Mont s’apprécie encore plus en vrai !
Vous pourrez vous procurer sur place la brochure éditée par l’association Art, Culture et Foi à partir de laquelle a été constituée cette visite virtuelle.